Tour de l’Oisans et des Écrins (Alpes)

Entre beauté et fragilité : une journée sur le GR54

Lac Noir sur le Plateau d’Emparis

Cet été 2023, j’ai marché sur le GR54, en faisant le Tour de l’Oisans et des Écrins, à cheval entre l’Isère et les Hautes-Alpes. Le massif des Écrins est classé depuis 1973 parmi les 11 Parc Nationaux français, récompensant un patrimoine naturel exceptionnel.

Ce document n’a pas pour but de décrire l’ensemble de l’itinéraire mais d’en décrire une journée, qui m’a beaucoup marqué, entre Le Désert en Valjouffrey et le Refuge de la Muzelle. Plus petite étape du sentier en termes de distance (15,7km), c’est aussi l’une des plus dure puisqu’elle traverse deux cols avec 2150 mètres de dénivelé positif. Cette étape sera ma première rencontre avec un glacier, celui de la Muzelle, dans un environnement exceptionnel.

Cette journée vous fera, je l’espère, un peu ressentir ce que j’ai éprouvé lors de cette randonnée d’une distance de 194km pour 12000 mètres de dénivelé positif sur 9 jours.

C’est moins l’exploit sportif que j’ai recherché que l’envie d’aller au plus près de la nature et à la rencontre des locaux (surtout à travers les hébergements) et d’autres randonneurs.

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Salon du Bourget 2013

Mon avis sur la visite de ce salon en 2013 (pas de faute de frappe, je republie ce retour d’expérience 10 ans plus tard!)

Ce week-end nous allons au Bourget ! Au salon du Bourget ! A cette évocation personne n’est indifférent et parfois les réactions « non-verbales » semblent négatives voire stupéfaites. Dans notre entourage, personne ne nous a empêché d’y aller, et pourtant j’ai senti des frémissements d’incompréhension.

J’ai cherché, après coup, en revenant de notre week-end, à savoir pourquoi ?

Le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE) de Paris-Bourget serait t-il, de nos jours, politiquement incorrect ?

Sans doute le climat ambiant, sur fond de crise, y serait-il pour quelque chose. Le Bourget transpire une image de gros sous mais aussi de non-sens écologique, un contre-exemple du développement durable.

Après avoir visité ce salon avec ma famille pendant une journée, je confirme que ces images d’Épinal sont réelles. On lit dans les gros titres « 115 milliards d’euros d’affaires signées au salon »1. Sur place, dans les airs, c’est une chorégraphie de Mirages, Rafale, Airbus A350, A380 et au sol de nombreux modèles d’avions, véhicules militaires et même de fusées exposés : A300, Ariane 5, Boeing 747, Concorde, Eurofighter, drones… et dans un coin d’un hangar on trouve même de « vieux coucous » présentés par des… associations. Bref il y en a pour tous les goûts.

Je préviens tout de suite, moi et ma femme n’y connaissons rien de rien en aviation. Au départ, c’est pour notre fils de bientôt 6 ans que nous tenions à aller à ce salon. Même si bien sûr la curiosité nous donnait envie d’y aller. C’était aussi l’occasion de faire un séjour à Paris (nous sommes restés 3 jours au total).

Regrettons-nous ou culpabilisons-nous d’avoir visité ce salon ?

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Critique de l’ouvrage « Affaires privées », Aux sources du capitalisme de surveillance, Christophe Masutti, 2020

Autant le dire tout de suite l’ouvrage de Christophe Masutti est une réussite, son essai remonte de façon convaincante et très documenté « aux sources du capitalisme de surveillance ». L’auteur part des racines de la surveillance jusqu’aux développements actuels en essayant d’y trouver des remèdes. Impossible de résumer cet ouvrage dense en quelques lignes, chaque paragraphe ou presque fourmille d’idée et de référence. On peut néanmoins mettre en lumière quelques traits saillants.

La première partie sur l’archéologie du capitalisme de surveillance est extrêmement bien documenté. Elle permets de comprendre que la surveillance ne date pas des GAFAM, elle a une histoire bien plus ancienne, des débuts de l’informatique dans les années 1960. On peut même remonter plus loin dans l’histoire des télécommunications. L’auteur décortique cette généalogie de la surveillance, en puisant dans ses profondes racines.

La deuxième partie aborde davantage les aspects juridiques de la vie privée. Les bases de données puis le Big Data, les algorithmes, la télécommunication et le nombre de gens connecté ont changé l’échelle de la surveillance. Ces questions de vie privée sont aussi ancienne que l’ordinateur, on s’y intéresse aux États-Unis dès les années 1960. Les banques, ont été parmi les premiers usagers de ces bases de données à des fins marketing.

Selon moi l’ouvrage décolle vraiment au troisième chapitre, il s’appuie sur son argumentaire sur l’archéologie pour nous révéler ou nous en sommes et comment nous y sommes parvenus. C’est le chapitre que j’ai trouvé le plus intéressant, c’est la continuité naturelle aux deux autres chapitres. C’est aussi le chapitre qui m’a laissé le plus sur ma faim au niveau des solutions mais j’y reviendrais.

En scrutant en permanence les contenus consultés, les « Big Tech » sont capables – et le font – d’orienter le contenu qui s’affiche sur nos écrans dans leurs intérêts et celui des annonceurs, en captant notre attention. Ce n’est plus seulement de la surveillance mais une transformation des contenus proposés, c’est à dire de nos vies puisqu’une grosse partie de nos journées se passe devant nos écrans, connecté à Internet.

Dans les premiers chapitres Masutti cite plusieurs fois Orwell et son célèbre ouvrage (1984). Il remets bien à propos les pendules à l’heure : Orwell décrivait un « Big Brother » omniscient, métaphore d’un État totalitaire ayant l’oeil sur tout. Depuis les années 2000 la surveillance est bien davantage le fait du capitalisme et des sociétés privés. L’État, l’armée, se repose de plus en plus sur des sociétés privés pour recueillir des informations sur les citoyens. En proportion des volumes de données des GAFAM et leur Big Data, les États savent peu de choses à propos de leurs citoyens. Cela démontre un État de plus en plus dépendant des milieux d’affaires – on comprend mieux ainsi le titre de l’ouvrage « Affaires privées », comme si ces questions avaient dépassé les gouvernements.

Le capitalisme de surveillance c’est tout un système économique qui est basé en permanence sur l’« écoute » des faits et gestes des internautes (où cliques t-ils, combien de temps restent t-ils, qu’achètent t-ils, que lisent t-ils, etc). Pour constituer ces big data il faut d’énormes capitaux, à l’échelle des GAFAM, ce n’est plus une économie pour dégager un salaire, faire tourner une entreprise, répondre à un besoin, c’est une industrie qui créé de la données pour elles-mêmes, en tant que fin en soi. Ces données créer un autre monde, un double numérique de nous-même, un « Big Other » comme l’a dénommé justement Shoshana Zuboff.

J’ai beaucoup apprécié l’intégrité de l’auteur qui nous rappelle, dans la continuité de son archéologie, l’origine de cette notion de capitalisme de surveillance. Tout en citant Shoshana Zuboff qui l’a popularisé dans un ouvrage et surtout dans les médias, il cite J.B. Foster et R.W. McChesney qui en sont à l’origine. Shoshana Zuboff souhaite un capitalisme « responsable », alors que les auteurs d’origine était beaucoup plus critique vis à vis du capitalisme. Christophe Masutti critique également ce capitalisme devenu hégémonique.

Alors que faire ? L’auteur nous dit « la lutte contre le capitalisme de surveillance ne peut être décorrélée d’une lutte économique et sociale » (p435).

Pourtant un peu plus loin il nous dit de ne pas perdre son temps à militer mais plutôt à donner l’exemple, en passant à l’action, en proposant des solutions, « en préfigurant ». (p436)

Masutti, à la suite d’autres auteurs, propose de préfigurer, c’est à dire créer des solutions alternatives reposant sur un fonctionnement interne rejetant le centrisme ou la hiérarchie. Ces solutions doivent refléter la société future que nous recherchons.

Il cite dans son modèle d’avenir, déjà en train de s’écrire, le philosophe Bernard Stiegler et l’économie de la contribution. Stiegler n’invente pas la société de contribution, elle est issue des logiciels libres. Masutti ne suis pas complètement Stiegler dans son analyse. Pour ce dernier il faudrait sonner la fin du capitalisme et du consumérisme tel qu’il existe, pour que la société de contribution s’épanouisse, sinon elle restera au stade embryonnaire.

L’idée de Masutti c’est que les Big Tech contribue massivement au logiciel libre, en terme de financement et de contribution. Et il y a des choses très bien, des savoirs sur Facebook. On ne peut pas tout rejeter – il n’a pas tort.

Pour Masutti il faudrait « adopter une logique de l’action pour imposer au politique les savoirs et les pratiques collectivement élaborés et d’ores et déjà adoptés ». (p422)

L’auteur souhaiterait que les données personnelles (anonymisées) soient traités comme des biens communs pour éviter une exploitation commercial par le privés. C’est aussi ce que souhaite d’autres auteurs, comme David Chavalarias dans son ouvrage Toxic Data (2022), dans le contexte de la fragilité de nos démocraties lors des élections. Sur ce point, comme beaucoup d’autres, ces deux auteurs se rejoignent. Selon C. Masutti, dans un sens plus large, étant donné que le capitalisme de surveillance repose sur l’exploitation des données, « [celles-ci] devraient être considérées comme des biens communs ». (p424)

La ou j’ai du mal à suivre Christophe Masutti, c’est comment y parvenir sans changer nos institutions, nos lois ? Il cite plusieurs auteurs et ouvrages sur l’économie collaborative, la société de coopération, l’archipélisation des initiatives, les réponses sont-elles dans ces ouvrages ?

Selon lui « les institutions publiques s’adaptent là où les pratiques les mènent, par la force des choses. Le refus lui, ne peut être qu’idéologique.». (p422)

J’ai du mal à penser qu’en créant de nouveaux projets collaboratifs, qu’en y contribuant, ou en adoptant des logiciels libres, ou encore en créant des « archipels » de projets allant dans la bonne direction, on change radicalement l’ordre des choses. On est face à la même problématique que le réchauffement climatique, les choix individuelles ou sous forme de collectifs engagés, sans légiféré, sans changer notre modèle économique, sans prendre une nouvelle direction politique, sont-ils suffisants ? C’est ma seule critique sur cet ouvrage, il ne m’a pas convaincu sur la façon d’arriver à une vrai société de contribution ou les Big Tech ne serait plus hégémonique, monopolistique comme actuellement.

En conclusion et malgré ce bémol, peut être parce que je n’ai pas bien compris où l’auteur voulait en venir, lisez-le les yeux grands ouvert, c’est une mine de références, d’analyses pertinentes et d’érudition. Il n’y a pas de déterminisme de la surveillance, l’ouvrage permets de comprendre pourquoi il vaut mieux s’engager, utiliser des logiciels libres, résister en produisant des biens communs, des contenus sur des blogs, plutôt que des données qu’ont donnent aux capitalistes de la surveillances.

(4,5 sur 5)

La montagne machine

Cette année, en passant quelques jours de ski au « Porte du Soleil » dans les Alpes, j’ai décidé de porter un autre regard sur l’environnement du skieur. Regard qui c’est prolongé en doigt sur le déclencheur de mon appareil photo numérique…

Les montagnes sont toujours aussi belles, malgré un enneigement moindre cette année.

Chaque année on entend parler de stations ou de pistes fermées en raison du réchauffement climatique. Nouveauté cette année, dès février, on nous parle du manque d’eau en montagne.

Difficile de faire du ski de piste sans remontés mécaniques. Au-delà de ces installations, c’est tout un modèle économique qui c’est mis en place autour du ski, parfois avec une certaine surenchère technologique. A t-on besoin d’écran – de pub – au caisse des supermarchés, des stations services et même d’écran géant sur les places des stations de ski. A t-on besoin de recharge pour VTT électrique au milieu des montagnes ?

Les photos montrent aussi bien des machines, mécanique ou électronique, que des paysages ou accessoires « décalés », parfois drôle, toujours avec un regard anthropologique de notre appropriation de la montagne.

Il ne s’agit pas de juger en disant qu’aller faire du ski de piste c’est mal, mais plutôt de donner à réfléchir sur notre dépendance à la modernité, aux produits et outils que nous offre la technologie.

Vous ne verrez donc pas de belles photos avec des panoramas aux montagnes sublimes, éternelles, mais uniquement des photos « ratées ». Enfin, ça c’est à vous de juger !

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Isolation extérieure et transformation du paysage urbain

un exemple où l’on peut voir la différence entre avant et après isolation

A découvrir sur le site d’architecture Archi-Wiki un nouvel article sur l’isolation en cours des façades par l’extérieur (ITE). Ce type de chantier est en forte progression depuis un an, depuis l’augmentation des coûts de l’énergie et l’obligation légale de sortie de passoire thermique à partir de 2025 (et dès 2023 dans certains cas).

Si ces travaux ont du sens d’un point de vue économique et écologique, ils ne vont pas, parfois, sans poser de problèmes esthétiques voir pathologiques (façade qui ne respire plus), surtout comme vous le verrez dans notre étude, dans les quartiers résidentiels, et les faubourgs, pour la période 1919-1939.

Pour donner des exemples concrets nous nous sommes intéressés à la Ville de Strasbourg, mais le cadre légal est le même pour la transformation des autres villes et villages.

Si le centre ville de Strasbourg et la Neustadt sont bien protégés par les règlements en vigueur, les faubourgs risquent d’être transformés d’ici quelques années, si les collectivités et les maîtres d’ouvrages ne sont pas attentifs aux décors de nos façades (que ce soient les modénatures, bas-reliefs, mais aussi le béton brut…). Dès lors, comment faire lorsqu’il faut concilier esthétique, patrimoine, législation, écologie et aspect financier ? L’isolation systématique, intérieure ou extérieure , est-elle vraiment la solution ?

Mais ces travaux améliorent aussi l’aspect de certaines façades, surtout pour la période moderne après 1945, en particulier lorsqu’il est fait appel à un maître d’oeuvre (cas des grosses coproductions, bâtiments publics, logements sociaux, etc).

Article à lire sur Archi-Wiki :

https://www.archi-wiki.org/Edito:Isolation_ext%C3%A9rieure_et_transformation_du_paysage_urbain

Télécharger en PDF (depuis le site Archi-Wiki)

Critique du livre « L’amant de Lady Chatterlay », H.W. Lawrence, 1928

Critique par Fabien Romary

L’amant de Lady Chatterley fut un ouvrage dérangeant pour son époque à plus d’un titre : adultère hétérogame, entre deux êtres de classes sociales que tout semble opposer, scènes érotiques, vision pessimiste du progrès sur fond d’une nature corrompu par l’argent. En substance on peut y lire l’exploitation d’une classe privilégié sur celle laborieuse. Le caractère érotique et plus particulièrement la jouissance féminine firent scandale. Le sexe ne pose plus de problème dans la littérature de nos jours, mais les autres sujets sont toujours d’actualité. Dans les années 1920 on ne parlait sûrement pas de problème écologique mais la question est aujourd’hui brûlante, c’est le cas de le dire. Et que dire de la lutte des classes… les inégalités sont plus fortes de nos jours qu’il y a un siècle (cf travaux de l’économiste Thomas Piketty…). Autant vous dire que L’amant de Lady Chatterley est un roman à lire ou à redécouvrir d’urgence.

C’est l’histoire d’un amour adultère, entre Lady Chatterley (Constance), riche épouse, et un garde-chasse plutôt rustre, Mellors.

Mellors est au service d’un riche industriel, Clifford, grièvement blessé sous la ceinture pendant la première guerre mondiale. Il est non seulement incapable de faire usage de ses jambes mais il est aussi impuissant, incapable de satisfaire sa femme. Il a toute sa tête mais son corps est meurtri.

L’histoire se passe dans les années 1920, le progrès est en marche. Clifford possède une voiture qu’il utilise parfois pour se déplacer dans sa vaste propriété. La chaise roulante, comme l’automobile, supplée aux jambes du châtelain. Clifford est propriétaire de mines non loin de son château, dans une industrieuse région anglaise des Midlands. L’ouvrage décrit merveilleusement la dégradation de l’environnement en raison de la présence de nombreuses mines, qui mine – c’est le cas de le dire – la belle campagne anglaise. Parfois les galeries défigurent les fastueuses propriétés, mais les propriétaires – sans scrupules – préfèrent encore gagner de l’argent plutôt que conserver l’intégrité et la beauté de leur lieu de vie. « Le fer et le charbon avaient profondément dévoré le corps et l’âme des hommes. » (p283). L’auteur, originaire d’une région minière, regrette t-il lui même les paysages pastoraux ? C’est ce que l’on peut aisément penser en substance. Les descriptions de ces paysages dévastés ne sont pas ragoûtant.

Lady Chatterley a d’abord une relation extraconjugal avec Michaelis, un riche écrivain irlandais, parvenu, plus proche de son milieu social, mais qui ne lui donne pas satisfaction, pas plus d’un point de vue moral que sexuel. Après avoir jouit, Michaelis est repus auprès d’elle, alors qu’elle doit se faire jouir elle-même pour trouver satisfaction. Cette situation ne pouvait pas durer.

Au fil de l’histoire Lady Chatterley s’éloigne de son mari pour se rapprocher de plus en plus près de Mellors, le garde-chasse. Mellors vit littéralement dans les bois. C’est elle qui vient le voir, d’abord dans une cabane où son élevé des animaux pour les besoins du château. On peut y voir une forme d’innocence dans ces premières rencontres, un retour virginal à une nature primaire, sauvage. Puis c’est dans sa maison de garde-chasse, dans la forêt, qu’elle passera de plus en plus de temps. Mellors a beau être un rustre parlant le dialecte, elle préfère encore l’authenticité de ses sentiments, de l’environnement dans lequel il vit, la simplicité, plutôt que la corruption moral de la société et de la nature par l’argent.

Et puis surtout Mellors donne satisfaction à Constance, il sait la faire jouir. Pour l’époque le livre a pu surprendre car il évoquait la question du plaisir féminin, vaginal ou clitoridien. Le livre fut même interdit en Angleterre, mais de nos jours on ne peut plus le classer en tant que livre érotique. On y trouve tout juste quelques scènes érotiques et un vocabulaire un peu viril, debout et fier comme un I.

Mais Mellors n’est pas un simple garde-chasse, il a aussi été officier et connaît bien le monde. Il parle un très bon anglais quand il le veut bien. Il a fréquenté la haute société qu’il semble maintenant mépriser.

Mellors est un homme proche de la nature, proche du corps, il a besoin de l’acte physique. Lady Chatterley lui donne du plaisir, il tire aussi satisfaction de coucher avec l’épouse de son patron, mais il est lucide, il sait que cette relation va leur poser des problèmes.

A mesure que Lady Chatterley se rapproche de Mellors, elle ne supporte plus d’être au petit soin de Clifford dans le cadre de son handicap. Le personnage de Miss Bolton prend alors de l’importance, infirmière, elle remplace Lady Chatterley pour les soins et s’installe au château. Miss Bolton s’occupe bien de Clifford, comme une mère ou une amie, plus qu’une amante, il trouve aussi de la satisfaction dans leurs discussions. Miss Bolton conseil, elle a également beaucoup de psychologie. Elle devine que Lady Chatterley a une relation avec un autre homme et découvre que c’est le garde-chasse. Horreur ! C’est une relation profondément déshonorante pour Lady Chatterley et son mari. Miss Bolton ne dit rien, comme si elle comprenait Lady Chatterley.

Clifford est davantage dans l’intellect, la spiritualité. Son corps diminué, il se réfugie dans les livres et s’enthousiasme pour l’innovation, il prend du plaisir a créé des inventions pour améliorer la performance de ses mines. Pourtant richissime, il n’a jamais assez d’argent. Incapable de jouir sexuellement, dans sa chair, il semble trouver du plaisir dans le symbolisme, le pouvoir qu’il a sur les autres.

L’histoire décrit très bien l’opposition entre la destruction du paysage naturel représenté par les mines, et la beauté des forêts lieu de vitalité et d’amour représenté par les corps de Mellors et Lady Chatterley. Les corps qui s’unissent pour leur simple plaisir sont mis en opposition avec la spiritualité où c’est réfugié Clifford. On peut y voir aussi une critique de la transformation lié au progrès. La forêt, la campagne font place aux mines, au charbon, aux paysages noir qui génèrent de l’argent et corrompt les mœurs. Les corps ne sont alors plus que des machines à extraire.

Clifford est un personnage superficiel, d’apparence. Il serait prêt à avoir un enfant d’un autre homme dont Constance serait la mère, pourvu qu’on ne sache pas qui est le père. Bien sur il faudrait que le père soit du même milieu social que Clifford.

Mellors, au contraire, est un personnage qui a beaucoup de profondeur. Peu bavard au départ on en apprend davantage au fil de la lecture, sur sa vie passé. Il a non seulement été officié, mais il est aussi marié, mais séparé de corps depuis longtemps. Son ex-femme resurgit alors que Constance est en voyage à Venise avec sa sœur chez des parents. Il a aussi parfois des considérations sur les inégalités sociales, économiques ou sur la religion. Il termine d’ailleurs le livre par un long monologue.

Dans la dernière partie du livre, c’est la débandade, Clifford apprend le pot aux roses de la liaison de Mellors et Constance par les commérages de l’ex-femme de Mellors. Égale à lui-même, il écrit des courriers cyniques à Constance.

Au retour vénitien de Constance, impossible pour elle de retourner vivre avec Clifford. Elle veut divorcer alors que lui ne le souhaite pas. Constance est enceinte de Mellors. Clifford serait même prêt à reconnaître l’enfant pourvu qu’on ne sache pas que c’est Mellors le père. Sans surprise Constance refuse. On suit alors les aventures de Mellors et Constance qui tentent de vivre ensemble, simplement, tout en essayant de se séparer de leurs conjoints. C’est une fin d’ouvrage alors très moderne qui s’ouvre en perspective, le lot commun de beaucoup de couple. Le couple quitte définitivement le monde, ses privilèges, on les verraient bien tous les deux travailler. Rien ne nous dit si finalement Mellors et Constance vivent heureux. Peut être seront-ils pris dans des procès interminables, des scandales, des disputes ? Le scandale de l’adultère semble s’achever par la tentative d’une vie de couple ou l’on perçoit l’âpreté de la vie.

L’oeuvre s’inscrit dans la filiation d’autres grands ouvrages traitant de l’adultère, comme Madame Bovary (Flaubert, 1857) ou Anna Karénine (Tolstoi, 1877), en y rajoutant sa modernité, le progrès, la dégradation de la nature, les différences de classes sociales (c’était déjà un aspect de Anna Karénine), le vocabulaire érotique.

J’ai adoré ce livre car il est agréable à lire et possède plusieurs niveaux de lecture d’une étonnante modernité. J’ai beaucoup aimé ce lien pertinent entre corruption et dégradation de la nature et perversion des corps, des mœurs de la société. La liaison entre Mellors et Constance est paradoxale, d’un côté elle est contraire aux mœurs, pourtant elle est subversive, car elle tente de substituer le mépris, l’exploitation de l’humain et la dégradation de la nature, par l’amour et le respect de la vie sauvage, ce qui n’est déjà pas si mal.

(4,5 / 5)

Fabien Romary (16/01/2023)

H.W.-Lawrence-Lamant-de-Lady-Chatterley-critique-par-Fabien-Romary (pdf)

46 « activités » GRATUITES ou à moins de 5 euros à vivre ou à faire pour se faire plaisir tous les jours

MISE A JOUR DU DOCUMENT : ajout de nouvelles rubriques

Ce qui a de la valeur c’est ce qui n’a pas de prix. Une fois qu’on est logé et qu’on mange chaque jour à sa faim, qu’est ce qui peut contribuer à nous rendre heureux et à nous sentir bien ?

Être heureux n’est absolument pas une question de moyens, ni de possessions matérielles, même si comme le dit le dicton populaire, « ça y contribue ».

Dans ce texte on trouve des activités que l’on peut faire seul avec un minimum d’équipements et de moyens (gratuit ou moins de 5 euros). Pourquoi seul ? Parce que c’est probablement lorsqu’on est seul qu’on a le plus de difficulté à trouver des sources de plaisirs. Quand on est entouré d’amis, familles, ou lorsqu’on est en couple, il est probablement plus simple de passer de bons moment et de trouver des plaisirs partagés. Finalement avec le télétravail, avec les confinements que nous avons tous vécu, on se retrouve seul plus souvent qu’on ne le penses – de façon subi ou choisi. Et même entouré d’amis il est bon d’être seul de temps en temps pour se retrouver, se découvrir intérieurement.

Ce texte n’a pas d’autre ambition que de trouver des sources de plaisirs même quand tout semble aller mal autour de soi.

Cliquez sur ce lien pour télécharger l’article complet (22 pages)

A la découverte du Royaume-Uni

Le tracé de notre parcours
Londres, deux cabines « historiques », au coude-à-coude, entre modernité et traditions en devenir…

Pendant l’été 2022 nous sommes partis 4 semaines en Grande-Bretagne en prenant l’Eurostar pour la 1ère fois. En partant de Strasbourg, après un trajet de moins de 6 heures (avec changement à Paris), nous voici au centre de Londres (Saint Pancras) même pas fatigués du voyage !

En dehors de Londres nous ne connaissions pas la Grande-Bretagne. Ce voyage a été l’occasion de découvrir, ou plutôt d’apercevoir, 3 des 4 « pays » du royaume : Angleterre, Pays de Galles (sud) et l’Ecosse (Highlands). En quittant Londres nous avons loué une voiture, c’était la solution la plus pratique pour découvrir à la fois les villes et les coins reculés du Pays de Galles et de l’Ecosse.

Voici les grandes étapes de notre périple : Londres, Bath, Cardiff (Pays de Galles), Edimbourg (Ecosse), Glasgow, Inveraray (Highlands), Manchester et enfin retour à Londres.

Parmi les nombreuses choses que nous avons appréciées, dans ce pays baigné à la fois dans la modernité et les traditions, il y a quelque chose de récurrent, comme un fil conducteur qui nous a suivi tout le long du voyage: les pubs. C’est pourquoi j’ai souhaité y consacrer un article car il s’agit de véritables lieux de sociabilisation qui permettent de mieux comprendre la culture Britannique.

« British pub » et sociabilisation : article sur les pubs et nos expériences de contacts avec les anglais

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Pitron Guillaume « L’enfer du numérique, voyage au bout d’un like », 2021

Ecrit par un journaliste, Guillaume Pitron, déjà auteur d’un important ouvrage « La guerre des métaux rares » (2018).

Ce nouvel ouvrage est un important travail d’enquête réalisé sur le terrain. L’ouvrage est très documenté, sérieux avec des interviews d’expert, même si on peut lui reprocher parfois son style sous forme de récit de voyage.

Le livre prolonge le travail réalisé sur les métaux rares et nous fait réalisé que le numérique n’est pas la solution aux problème climatiques.

Télécharger les notes de lecture de l’ouvrage

La Numérisation du Monde, Fabrice Flipo (2021)

Note de lecture et avis sur l’ouvrage « La Numérisation du Monde – un désastre écologique », Fabrice Flipo (2021)

Etant intéressé depuis de nombreuses années par la sobriété numérique, je partage ici mes notes de lectures et mon avis publié sur Babelio.

Il s’agit d’un excellent ouvrage résumant parfaitement les enjeux liés à la démesure des usages du numérique aujourd’hui. Plusieurs solutions proposés que j’ai synthétisé dans le document.

Télécharger mes notes de lectures (PDF)