Tour de l’Oisans et des Écrins (Alpes)

Entre beauté et fragilité : une journée sur le GR54

Lac Noir sur le Plateau d’Emparis

Cet été 2023, j’ai marché sur le GR54, en faisant le Tour de l’Oisans et des Écrins, à cheval entre l’Isère et les Hautes-Alpes. Le massif des Écrins est classé depuis 1973 parmi les 11 Parc Nationaux français, récompensant un patrimoine naturel exceptionnel.

Ce document n’a pas pour but de décrire l’ensemble de l’itinéraire mais d’en décrire une journée, qui m’a beaucoup marqué, entre Le Désert en Valjouffrey et le Refuge de la Muzelle. Plus petite étape du sentier en termes de distance (15,7km), c’est aussi l’une des plus dure puisqu’elle traverse deux cols avec 2150 mètres de dénivelé positif. Cette étape sera ma première rencontre avec un glacier, celui de la Muzelle, dans un environnement exceptionnel.

Cette journée vous fera, je l’espère, un peu ressentir ce que j’ai éprouvé lors de cette randonnée d’une distance de 194km pour 12000 mètres de dénivelé positif sur 9 jours.

C’est moins l’exploit sportif que j’ai recherché que l’envie d’aller au plus près de la nature et à la rencontre des locaux (surtout à travers les hébergements) et d’autres randonneurs.

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Salon du Bourget 2013

Mon avis sur la visite de ce salon en 2013 (pas de faute de frappe, je republie ce retour d’expérience 10 ans plus tard!)

Ce week-end nous allons au Bourget ! Au salon du Bourget ! A cette évocation personne n’est indifférent et parfois les réactions « non-verbales » semblent négatives voire stupéfaites. Dans notre entourage, personne ne nous a empêché d’y aller, et pourtant j’ai senti des frémissements d’incompréhension.

J’ai cherché, après coup, en revenant de notre week-end, à savoir pourquoi ?

Le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE) de Paris-Bourget serait t-il, de nos jours, politiquement incorrect ?

Sans doute le climat ambiant, sur fond de crise, y serait-il pour quelque chose. Le Bourget transpire une image de gros sous mais aussi de non-sens écologique, un contre-exemple du développement durable.

Après avoir visité ce salon avec ma famille pendant une journée, je confirme que ces images d’Épinal sont réelles. On lit dans les gros titres « 115 milliards d’euros d’affaires signées au salon »1. Sur place, dans les airs, c’est une chorégraphie de Mirages, Rafale, Airbus A350, A380 et au sol de nombreux modèles d’avions, véhicules militaires et même de fusées exposés : A300, Ariane 5, Boeing 747, Concorde, Eurofighter, drones… et dans un coin d’un hangar on trouve même de « vieux coucous » présentés par des… associations. Bref il y en a pour tous les goûts.

Je préviens tout de suite, moi et ma femme n’y connaissons rien de rien en aviation. Au départ, c’est pour notre fils de bientôt 6 ans que nous tenions à aller à ce salon. Même si bien sûr la curiosité nous donnait envie d’y aller. C’était aussi l’occasion de faire un séjour à Paris (nous sommes restés 3 jours au total).

Regrettons-nous ou culpabilisons-nous d’avoir visité ce salon ?

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La montagne machine

Cette année, en passant quelques jours de ski au « Porte du Soleil » dans les Alpes, j’ai décidé de porter un autre regard sur l’environnement du skieur. Regard qui c’est prolongé en doigt sur le déclencheur de mon appareil photo numérique…

Les montagnes sont toujours aussi belles, malgré un enneigement moindre cette année.

Chaque année on entend parler de stations ou de pistes fermées en raison du réchauffement climatique. Nouveauté cette année, dès février, on nous parle du manque d’eau en montagne.

Difficile de faire du ski de piste sans remontés mécaniques. Au-delà de ces installations, c’est tout un modèle économique qui c’est mis en place autour du ski, parfois avec une certaine surenchère technologique. A t-on besoin d’écran – de pub – au caisse des supermarchés, des stations services et même d’écran géant sur les places des stations de ski. A t-on besoin de recharge pour VTT électrique au milieu des montagnes ?

Les photos montrent aussi bien des machines, mécanique ou électronique, que des paysages ou accessoires « décalés », parfois drôle, toujours avec un regard anthropologique de notre appropriation de la montagne.

Il ne s’agit pas de juger en disant qu’aller faire du ski de piste c’est mal, mais plutôt de donner à réfléchir sur notre dépendance à la modernité, aux produits et outils que nous offre la technologie.

Vous ne verrez donc pas de belles photos avec des panoramas aux montagnes sublimes, éternelles, mais uniquement des photos « ratées ». Enfin, ça c’est à vous de juger !

Voir l’album photos

Isolation extérieure et transformation du paysage urbain

un exemple où l’on peut voir la différence entre avant et après isolation

A découvrir sur le site d’architecture Archi-Wiki un nouvel article sur l’isolation en cours des façades par l’extérieur (ITE). Ce type de chantier est en forte progression depuis un an, depuis l’augmentation des coûts de l’énergie et l’obligation légale de sortie de passoire thermique à partir de 2025 (et dès 2023 dans certains cas).

Si ces travaux ont du sens d’un point de vue économique et écologique, ils ne vont pas, parfois, sans poser de problèmes esthétiques voir pathologiques (façade qui ne respire plus), surtout comme vous le verrez dans notre étude, dans les quartiers résidentiels, et les faubourgs, pour la période 1919-1939.

Pour donner des exemples concrets nous nous sommes intéressés à la Ville de Strasbourg, mais le cadre légal est le même pour la transformation des autres villes et villages.

Si le centre ville de Strasbourg et la Neustadt sont bien protégés par les règlements en vigueur, les faubourgs risquent d’être transformés d’ici quelques années, si les collectivités et les maîtres d’ouvrages ne sont pas attentifs aux décors de nos façades (que ce soient les modénatures, bas-reliefs, mais aussi le béton brut…). Dès lors, comment faire lorsqu’il faut concilier esthétique, patrimoine, législation, écologie et aspect financier ? L’isolation systématique, intérieure ou extérieure , est-elle vraiment la solution ?

Mais ces travaux améliorent aussi l’aspect de certaines façades, surtout pour la période moderne après 1945, en particulier lorsqu’il est fait appel à un maître d’oeuvre (cas des grosses coproductions, bâtiments publics, logements sociaux, etc).

Article à lire sur Archi-Wiki :

https://www.archi-wiki.org/Edito:Isolation_ext%C3%A9rieure_et_transformation_du_paysage_urbain

Télécharger en PDF (depuis le site Archi-Wiki)

La Numérisation du Monde, Fabrice Flipo (2021)

Note de lecture et avis sur l’ouvrage « La Numérisation du Monde – un désastre écologique », Fabrice Flipo (2021)

Etant intéressé depuis de nombreuses années par la sobriété numérique, je partage ici mes notes de lectures et mon avis publié sur Babelio.

Il s’agit d’un excellent ouvrage résumant parfaitement les enjeux liés à la démesure des usages du numérique aujourd’hui. Plusieurs solutions proposés que j’ai synthétisé dans le document.

Télécharger mes notes de lectures (PDF)

Chronique d’une semaine ordinaire : fonte des glaciers et autres joyeusetés

J’irai marcher « pour le climat » dimanche 9 mai !

Les mauvaises nouvelles s’accumulent dans la presse, ce n’est pas nouveau, mais elles ont de plus en plus un lien avec le climat… âme sensible et à tendance suicidaire s’abstenir…

Journal L’Alsace, mercredi 28/04/2021. Saviez vous que presque tous les glaciers fondaient inexorablement depuis l’an 20001 ? Bien sur nous le savons, puisque tout le monde sait que la planète se réchauffe. Presque tout le monde maintenant est d’accord la dessus.

Dans la presse, il n’y a pas un jour sans qu’un événement d’une ampleur dramatique, digne d’un film catastrophe, ne nous soit rappelé.

Géo Magazine, jeudi 29/04/2021. Australie. La grande barrière de corail disparaît, pourtant classé UNESCO au titre du patrimoine naturel, elle blanchit et les magnifiques poissons qui l’entourent, disparaissent avec. Vous n’étiez pas au courant ? Heureux de vous l’apprendre.

Que fait-on pour y remédier ? Des projets de haut parleur sous marin sont envisagés pour revigorer les coraux en imitant les coraux sains2… ou encore une technique « révolutionnaire » qui consisterait à rendre les « nuages brillants » pour diminuer la température de l’eau3… ainsi on prolongerait de 20 ans la durée de vie des coraux ! Toujours ça de pris d’autant que ces coraux sont une manne pour le tourisme avec quelques milliards de recette par an… sans compter les bénéfices pour la pêche etc…

Les solutions technocratiques pour « sauver » la barrière de corail ne manquent pas et sont toutes plus folles les unes que les autres.

Francetvinfo, lundi 03/05/2021.Les étudiants sont très affectés par la crise sanitaire du coronavirus. Mais pas seulement les étudiants, ni les premières années, qui sont bloqués la plupart du temps dans leur studio en visio, sans contact, sans convivialité. Même les bons élèves au lycée ne sont pas épargnés4. Pourquoi cette crise ne toucherait que les étudiants alors que les lycéens ne sont au mieux qu’à mi-temps en cours ? On ne compte plus le nombre d’élèves qui ont échoué leur année ou qui ont décroché du système scolaire. Quel avenir offrons nous à la jeunesse ?

futura-sciences.com, mardi 4 mai 2021. « Brésil : la forêt amazonienne émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe depuis 10 ans ! »5. Même si le titre est maladroit, sur le fond c’est proprement hallucinant ! Ceux de ma génération (quarantaine) se souviennent qu’on nous apprenait à l’école que l’Amazonie était l’un des poumons de la planète, mais aussi un capteur de CO². Et bien plus que cela, une forêt primaire d’une diversité incroyable. Maintenant, au loin, on entend les tronçonneuses… La forêt primaire est défrichée pour l’agriculture, les transports… et ce n’est pas la seule, voyons ce qu’on a fait de Madagascar et plus récemment de Bornéo. Proprement scandaleux et irresponsable, mais ô combien complexe car le mal est à la racine du système économique.

On croit réellement rêver lorsqu’on lit ces articles de presse et il y en a tous les jours. J’en connais beaucoup qui ne regarde plus la presse tellement ils sont écœurés.

Les médias voudraient-ils nous faire peur ? Les scénarios catastrophes attirent-ils les chalands et les invitent-ils à cliquer sur les liens pour consulter ces articles et souvent la publicité qui y est associée ?

Même si l’on peut reprocher une certaine mise en scène, ou des titres racoleurs, sur le fond les médias ont raisons : le climat change et ce ne sont pas les articles, même alarmistes, qui y changeront quelque chose. Bien qu’éparpillés, ces articles mis bout à bout ne sont que le reflet d’une société malade. Une société écocide qui maltraite notre planète et nous rend, en tant qu’individu, malade. Ces articles nous rappellent nos manquements, les errements de nos politiques, et ce quelque soit le pays ou le régime en place. Cupidité, vice, déclin de la civilisation, l’histoire ne se répète jamais deux fois de la même façon…

Et pendant ce temps… Amazon, Google, Facebook, Apple (GAFA), et bien d’autres, continuent d’engranger de gros bénéfices et d’exploiter nos données et notre vie privée. Il n’y a jamais eu autant de milliardaires et d’inégalités dans notre monde.

Numerama, vendredi 30 avril 2021. Bientôt les plus fortunés pourront s’acheter un ticket pour voler dans l’espace6, puis ce sera au tour de Mars…

On croit rêver encore. Comment est ce possible ? Comment autant de futilité et de vaine consommation peuvent elles être possibles au moment même où la planète a besoin d’être ménagé ? Les compensations carbones, malus écologiques, et autres « arbres plantés » ne sont qu’une vaine illusion digne de l’époque du dépassé concept de « développement durable ».

Le Monde, mercredi 4 mai 20217. On attendait beaucoup de la loi climat, dont le texte est issu de la convention citoyenne pour le climat réunissant 150 citoyens. Déceptions car de nombreux points n’ont pas été retenus ou rabotés suite au lobbying du secteur aérien, publicitaire, de la viande, automobile… bref notre président et les députés ont tenté de concilier l’écologie et les enjeux écologiques… comme si l’écologie et les objectifs à atteindre pour notre bien être se négociaient comme un taux de crédit.

C’est un changement majeur de modèle de société qu’il faudrait décider mais nos dirigeants manquent cruellement d’ambition, de courage et d’imagination. En lisant ces articles, on peine à croire que c’est la réalité, que c’est bien le monde dans lequel nous vivons, que c’est bien l’humain qui a engendré tout ça. Lui qui ne croit plus en Dieu se croit lui même déiste, homme-dieu. Vit-on un cauchemar éveillé ? Pourtant non tout ceci est bien réel, et par notre faute… et on se croit encore « intelligent », « supérieur » !

Comment peut-on continuer à perfuser un système qui dégrade notre planète, en polluant l’air, en dégradant les écosystèmes et en favorisant les inégalités ?

On constate une grande indifférence face à ces « nouvelles », et en même temps, nous nous interrogeons de plus en plus sur nos comportements. Le fait d’avoir une voiture, de prendre l’avion, de consommer de la viande, etc.. les conversations familiales et même amicales deviennent stigmatisantes, on se sent jugé et impuissant, comme si on en faisait « jamais assez ». Dans ce système nous sommes forcément souvent en contradiction avec nos valeurs – et cela ne peut pas nous rendre durablement heureux.

C’est un modèle qui est en train de s’écrouler car il était basé sur une consommation infinie dans un monde fini qui a besoin d’harmonie. Le monde occidental n’est pas un modèle. Après la paix entre les hommes c’est la paix avec la nature, les animaux qu’il faudrait entreprendre. Rebâtir ce que l’on entend par universalisme : qu’inclut-on sous ce terme ? L’homme et sa quête de connaissance de l’univers, malmenant la biodiversité ou l’homme humble qui vit en harmonie sur sa planète, en respectant sa « terre-patrie », ses peuples, au sein d’un univers plus vaste, insondable.

On a priorisé l’immédiateté et le plaisir du consommateur, au détriment d’un projet collectif sur le long terme, la convivialité, la spiritualité, le bonheur. Il n’existe pas de limites matérielles individuelles, d’où ce sentiment de puissance et de démesure actuels des plus riches, qui sont tout sauf des modèles (surtout en yacht, fusée, grosse berline et maison à plusieurs dizaines de millions de $). La connaissance, l’amour, l’amitié, la poésie n’ont pas de limites, mais le matériel devrait avoir des limites et les politiques devraient être clairs la dessus. C’est le signal fort à donner, tout ne peut pas s’acheter ni être produit, il faut une échelle compatible avec ce que la nature peut absorber. Récompenser, oui, mais limiter ce que l’homme peut prétendre posséder et faire.

Bien sur à titre individuelle on peut toujours faire de son mieux, mais ce ne sera jamais suffisant et on ne pourra jamais être un exemple puisqu’on est tous dans ce système qu’il est urgent de réformer. La loi climat n’y arrivera pas, elle est un coup d’épée dans l’eau.

La loi climat qui a été votée donne l’illusion qu’on peut continuer à concilier l’écologie et l’économie sous forme de capitalisme vert, sans donner de signaux forts aux autres pays européens. Le climat se joue à l’échelle du monde, mais pour la France, l’enjeu politique est européen. Elle devrait faire figure d’exemple, sinon les autres pays ne feront probablement guère mieux. Nous avons besoin d’une nouvelle vision, c’est ça le monde d’après ! Les français ne sont pas bêtes et devraient comprendre qu’on ne peut plus continuer à consommer, à vivre, comme avant. Le coronavirus est la goutte d’eau qui devrait nous imposer les changements majeurs indispensables. Avant le coronavirus on savait que quelque chose n’allait pas mais on s’imaginait que les problèmes étaient « lointains » géographiquement et dans le temps, maintenant le virus est la, partout et nous savons au fond de nous même que ce n’est que le début. Plus personne ne veut revivre ça et surtout pas en pire comme l’actualité semble inéluctablement nous l’annoncer ! Mais nous n’écoutons déjà plus, pris à nouveau dans le quotidien et l’envie de revenir à la vie d’avant 2020, tellement meilleure…

Pour montrer mon désaccord avec la loi climat, très insuffisante, sans vision d’avenir, je marcherai « pour le climat » avec Alternatiba le dimanche 9 mai à Strasbourg ! Venez nombreux !

https://www.facebook.com/events/497323377966465

1 https://www.lalsace.fr/environnement/2021/04/28/la-fonte-des-glaciers-s-accelere-depuis-20-ans-les-alpes-durement-touchees

2 https://www.geo.fr/environnement/la-grande-barriere-de-corail-pourrait-etre-sauvee-grace-a-des-haut-parleurs-sous-marins-198868

3 https://www.geo.fr/environnement/australie-des-techniques-pour-ralentir-de-20-ans-la-disparition-de-la-grande-barriere-de-corail-204622

4 https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/temoignages-bons-eleves-avant-la-pandemie-des-lyceens-racontent-leur-decrochage-moi-qui-aimais-tant-aller-en-cours-je-n-y-arrive-plus_4382183.html

5https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/amazonie-bresil-foret-amazonienne-emet-desormais-plus-co2-quelle-nen-absorbe-depuis-10-ans-87147/

6https://www.numerama.com/sciences/708145-que-verront-exactement-les-touristes-spatiaux-depuis-la-fusee-new-shepard-de-blue-origin.html

7 https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/04/les-deputes-adoptent-le-projet-de-loi-climat-et-resilience-en-premiere-lecture_6079097_3244.html

La démesure

Dubaï, piste de ski

Crise spirituelle et de l’imaginaire

« Les effets sont visibles avec les yeux alors que

les causes sont visibles seulement par l’esprit »

d’après Les Pensées de Blaise Pascal

La crise que nous vivons actuellement est une grave crise de société. Ce n’est pas une crise que nous traversons mais plusieurs dont la covid19 n’est que la conséquence la plus visible et la plus aiguë – celle de l’urgence. C’est un modèle, une représentation du monde qui est en train de s’écrouler, une partie de nos rêves aussi.

Mais cela pourrait être encore plus grave. Respirez. Pouvez-vous encore respirer un air pur ? L’air est-il encore respirable ?

Notre modèle de société, qu’on appelle néolibéral ou capitaliste est nuisible pour l’environnement et pour l’humain. Les collapsologues vont même plus loin en parlant de génocide. La crise du covid19 est venue nous le rappeler, lorsqu’on néglige la nature, qu’on n’y fait pas attention, elle réagit à nos dépends. La perte de biodiversité, la déforestation, l’élevage intensif et la mondialisation – entre autre – sont responsables du covid191,2. C’est notre milieu naturel que l’on sacrifie sur l’autel du profit.

Pourtant, le progrès, la science nous apporte un confort incomparable, nos sociétés dans leur ensemble n’ont jamais été aussi prospères.

Mais alors pourquoi n’est-on pas capable de vivre en harmonie avec notre environnement ?

La démesure

La réponse est simple, l’Homme ne se contente pas de ce qu’il a, il a besoin de toujours plus. Comme l’expliquait déjà dans les années 1970, le biologiste Henri Laborit, l’Homme a une tendance à la domination sociale. Descartes aussi mettait le progrès et l’homme au-dessus de la nature, une nature qu’il fallait domestiquer au profit des progrès techniques et de la science.

L’égoïsme et la vanité sont très courants dans nos sociétés et parfois exacerbés par le système consumériste : il faut avoir mieux que les autres, être à la dernière mode et avoir toujours de meilleurs et plus d’objets. C’est le principe même de notre société de consommation jamais remis en cause par les politiques depuis la seconde guerre mondiale…

Les sociétés marchandes savent très bien répondre à nos attentes et créer des besoins à travers la publicité. Dans un contexte mondialisé, les États arrivent difficilement à imposer des contraintes aux entreprises pour que les appareils soient réparables (en trouvant des pièces de rechange), durable en évitant l’obsolescence programmée.

Nous utilisons majoritairement les GAFAM et bien d’autres sites reposant sur le modèle marchand, comme Airbnb ou Uber car ils sont performants. Des alternatives existent souvent, mais parce que les sites marchands sont souvent les plus performants, les mieux référencés ou les moins chers, nous continuons bien souvent à les utiliser.

Le fait qu’un produit soit performant est une bonne chose à la double condition qu’il ne nuise pas à l’environnement et qu’il n’accentue pas les inégalités.

Concernant les inégalités, elles sont bien réelles et n’ont jamais été si importantes. Les sociétés qui font le plus de bénéfices et les plus riches paient peu d’impôt en pourcentage, moins que les petits commerces ou les classes moyennes, ce qui est d’une profonde injustice. La fiscalité serait totalement à revoir.

Il y a un lien entre la crise écologique que nous traversons et les inégalités. Les plus riches polluent davantage que les pauvres et ce sont les pauvres qui sont davantage impactés et sont les premiers migrants climatiques. C’est extrêmement injuste car les plus riches ont l’illusion de se protéger (climatisation, piscine, achat de terrain/bunker en milieu « protégé » etc) mais ne font qu’accentuer le problème.

Accepterons-nous encore longtemps la condamnation de l’espèce humaine à vivre sur une planète hostile ?

Si nous en sommes là, c’est parce que nous sommes englués dans notre quotidien et dans le type de société où nous sommes nés : on ne nous a pas laissé le choix de vivre autrement et sommes bercés par le récit que l’on nous raconte depuis que nous sommes enfants. Faire des études, trouver un travail, louer/acheter un appartement/une maison, faire des enfants/avoir « des hobbies », être en vacances quelques semaines dans l’année pour finalement partir en retraite et avoir du temps et peut être enfin commencer à vivre – et faire ce que l’on aime. Nos vies sont bien souvent une suite d’actes de consommation, y compris en vacances, pour lesquels il n’y a aucun moment ou l’on prend le temps de réfléchir au sens même de notre existence.

Ce résumé caricatural ferait rire s’il n’était pas la réalité d’un grand nombre de personnes, qu’elles en soient conscientes ou non. L’impuissance à penser un autre schéma nous mène dans l’impasse où nous sommes. Avant d’être matérialisé dans la réalité, l’idée doit d’abord se trouver dans notre esprit écrivait déjà le philosophe grec Platon. C’est une invitation à la réflexion.

Il ne s’agit ni de juger ni de culpabiliser, il faut faire un constat et prendre conscience comment nous en sommes arrivé là.

Notre société c’est progressivement inscrite dans la démesure depuis que les pays riches ont besoin des ressources de plus d’une planète Terre pour subvenir à leur train de vie : nous vivons à crédit également au niveau des ressources naturelles3. La croissance infinie du PIB et l’idéologie d’un grand nombre d’économistes et politiques est un leurre sur une planète finie. On aurait dû faire l’inverse : définir un maximum supportable de consommation par habitant sur la planète Terre pour subvenir aux besoins de chacun.

Limiter la consommation ce n’est pas revenir à l’âge de pierre ni refuser le progrès ou devenir des Amish comme ironisait notre Président, cela signifie qu’il faut refuser la démesure, l’obsolescence programmé, réduire la publicité, être plus efficient et surtout en accord et en harmonie avec la nature : trouver un équilibre pour le bien de tous.

Nous avons pêché par vanité car l’on a cru que le progrès permettrait indéfiniment d’améliorer notre confort. En réalité, malgré notre supposé intelligence, le « grand singe » n’a pas été capable de comprendre que la nature était « fragile » et qu’elle avait ses limites. Pourtant les alertes ont été nombreuses depuis les premiers écologistes au XIXème; ces avertissements se sont faits de plus en plus précis depuis les années 1960. Nous savions mais nous n’avons pas voulu écouter et réagir.

Crise de l’imaginaire

C’est un nouveau modèle de société qu’appelle la crise du covid19 que nous traversons. Le vaccin ne résoudra pas la crise profonde de notre modèle de société. Il résoudra le problème temporairement mais si nous refaisons comme avant nous traverserons d’autres pandémies et d’autres crises : financière, idéologique, climatique…

La crise économique qui fait suite au covid19 ne doit pas servir d’excuse pour ne pas changer de modèle et au contraire servir de prétexte aux entreprises les plus polluantes pour ne pas faire des efforts conséquents (aviation, constructeur automobile, compagnie pétrolière…). Tant pis si des emplois sont perdus dans ces domaines, il serait temps de réduire ce qui pollue trop.

La concurrence, la compétition, le marketing, la publicité ont largement montré leurs limites et leur obsolescence au même titre que le communisme en son temps.

L’heure est à l’entraide et à la coopération. Partout il y a de nouvelles solidarités qui se créent mais ces mouvements sont beaucoup moins visibles que les multinationales pourtant moins nombreuses que la somme des individus, mais beaucoup plus puissantes et influentes auprès des gouvernements grâce au lobbying et aux enjeux financiers.

L’État et l’Europe doivent tout faire pour diminuer les inégalités et fixer des maximums d’enrichissement personnel acceptable. L’économiste Thomas Piketty donne la voie sur ces sujets. Taxer les plus riches pour redistribuer. A quoi sert-il d’être milliardaire ou de gagner annuellement des millions d’euros dans notre société ? Accepter que des gens puissent être extrêmement riches est une mauvaise image que donne notre société  : celle de la démesure, d’autant que cette insupportable démesure est largement visible sur internet.

Ce ne sont pas les grandes fortunes qui font travailler les artisans et les commerçants au quotidien. Il faut des gens plus riches que d’autres, il faut récompenser le travail, les idées, les initiatives, le risque, mais pas dans la démesure ou le luxe nauséabond.

Comment accepter que certains possèdent un jet privé, un yacht ou désir voyager dans l’espace alors que tant d’autres n’ont même pas de quoi manger sur cette planète ?

La mesure devrait être la norme dans nos sociétés pour une meilleure justice et inclusion. La loi devrait servir à établir des limites raisonnables comme elle a su le faire pour la cigarette ou les limites de vitesse.  Faisons preuve d’imagination pour agir localement dans une nécessaire transition du niveau de fortune et des inégalités. Les limites de ce qui est acceptable restent à définir mais elles sont nécessaires. Ce n’est pas seulement du point de vue sociologique qu’il faut raisonner, il faut aussi et surtout prendre en compte ce qui est soutenable au niveau écologique. Cela devrait être le bon sens dont nous nous sommes dangereusement éloignés.

Nous traversons une crise de l’imaginaire car on n’oublie que d’autres représentations de notre société seraient possibles.

Par exemple pourquoi le chômage existe t-il encore ?

Suite à la crise du covid19 on devrait être à plus de 10% de chômage dans notre pays.

Il y a tellement de travail à effectuer pour le bien commun qu’il serait efficient de créer une plate-forme proposant des millions d’emplois utiles pour la société dans son ensemble. On a des besoins énormes dans la santé, l’éducation (au sens large, y compris l’éducation populaire), l’écologie, la précarité, les personnes âgées.

En supprimant la notion de « demandeur d’emploi » on pourrait instaurer un « revenu collaboratif » (ou « revenu de base ») pour toutes les personnes « sans emploi », souhaitant quitter le salariat ou au RSA (qui devrait disparaître chacun devant avoir droit à un travail). Le montant de ce « revenu collaboratif » pourrait dépendre en partie du nombre d’heure effectué ou de l’investissement collaboratif pour que chacun trouve son compte. Beaucoup de gens ne font pas ce qu’il aime au travail mais ne le quitte pas car ils doivent rembourser un crédit, un loyer etc.. et nourrir leur famille.

En donnant la possibilité de quitter plus facilement un travail qu’on n’aime pas on verrait facilement les domaines où il ne faut pas investir parce que ce n’est pas humainement acceptable (ex : travail à la chaîne, répétitif). C’est dans ces domaines qu’il faut, quand c’est nécessaire, robotisée / automatisée ou tout simplement supprimer des postes ou des filières (ex : télémarketing…).

La démocratie pourrait également trouver tout son sens via les outils numériques et pas juste pour choisir le nez du tram à Strasbourg ou le logo de sa plaque d’immatriculation… On peut se connecter à sa banque, payer ses impôts, consulter son relevé de Sécurité Social via internet pourquoi ne pourrait-on pas voter et prendre part aux décisions de façon beaucoup plus large qu’actuellement ?

Le niveau politique actuel avec notre État hyper centralisé est-il pertinent ? Les décisions ne devraient-elle pas être prises au niveau le plus local, l’agglomération, la commune ou le département, au plus proche des habitants dans leur quotidien.

Les sujets ne manquent pas tellement il y aurait de choses à améliorer dans notre société.

Faisons fonctionner notre imagination et surtout agissons. Ce n’est pas de petit pas ou de mauvais compromis dont nous avons besoin (ex : la convention citoyenne pour le climat proposait de taxer les véhicules au delà de 1,4 tonnes, hors la proposition de loi a retenu 1,8 tonnes4….), mais d’une direction clair et de la pédagogie, pour plus de cohérence.

La convivialité, voir ses amis, sa famille, aller au café, au restaurant, au musée, se faire plaisir en consommant modérément et localement etc… toutes ces choses « simples » doivent être préservées mais tout le superflu, les luxes inutiles ne devraient plus exister ou être fortement diminués. Il ne s’agit pas de supprimer l’art ou toutes les formes de spectacle, danse, etc… mais bien d’arrêter de produire des objets coûteux au niveau environnemental (et pour le portefeuille).

Pourquoi construire des voitures trop lourdes, trop puissantes ou qui polluent trop ?

Le vrai luxe n’est pas dans le matériel. Se faire plaisir ce n’est pas nécessairement s’offrir quelque chose de coûteux. Le problème ce n’est pas de s’acheter du thé au centre ville mais bien de croire que pour être heureux il faut changer d’équipement régulièrement, avoir ce qu’il y a de mieux ou de plus cher.

C’est également une crise spirituelle que nous traversons. Beaucoup de gens en sont conscients, pourtant notre modèle économique repose toujours sur la surconsommation. Il suffisait de se promener dans les rues commerçantes des centre ville – avant le covid – pour s’en rendre compte.

La nature est magnifique, nous faisons partie de ce vivant, elle porte en elle quelque chose d’extraordinaire qui nous échappe et nous dépasse.

Le bonheur c’est maintenant, au moment où vous lisez ces lignes, pas à la retraite ou lorsque vous aurez acheté le dernier iPhone, la dernière carte graphique, ou gagné au loto.

Revenir au bon sens : coopération, frugalité et davantage de local

L’entraide en soi n’est pas suffisante, elle nécessite également un état d’esprit, une disposition bienveillante ou l’on met de côté sa vanité. Un professeur d’Université peut apprendre d’un ouvrier et inversement. Les femmes et les hommes de ce monde se complètent quelque soit leur niveau d’étude et à fortiori leur position sociale.

La coopération n’est pas une fin en soi, un groupe qui coopère peut également s’améliorer et apprendre des autres. Finalement deux groupes (ou personnes) peuvent se faire concurrence et au final c’est la meilleure solution, ou la solution la plus crédible, rentable qui est retenue. L’idée c’est d’avancer ensemble, dans la même direction, pour le bien commun.

L’idée c’est de partir du principe qu’il est stupide de se faire concurrence dans le but d’écraser l’autre, de le faire couler, l’entraîner dans un stress ou une dépression (ce qui peut arriver si l’on perd son emploi ou tout son argent en créant une entreprise par exemple).

Comme pour toute chose, la compétition n’est pas une mauvaise chose si elle est bien utilisée. De nos jours, elle l’est à l’excès dans beaucoup trop de domaines. Entre les sociétés privées et parfois même entre les institutions publiques et en interne avec la compétition pour l’accès à de meilleurs postes. C’est contre productif et ce système a largement montré ses limites et ses incohérences.

La coopétition est un mot-valise illustrant l’idée que la coopération et la compétition utilisées en bonne intelligence permettent à chacun de s’améliorer sans laisser personne de côté.

Les outils numériques sont une formidable opportunité pour inventer de nouveaux possibles. Au niveau démocratique par exemple ou pour limiter la consommation dans les domaines les plus polluants (km en avion, en voiture etc).

L’idée c’est qu’on ne puisse pas faire n’importe quoi sous prétexte qu’on a de l’argent. Demain on pourra toujours prendre l’avion ou sa voiture mais au-delà d’un certain nombre de km parcouru il faudrait une fiscalité adaptée, en fonction des ressources, par palier progressif. Le numérique permet de le faire, saisissons cette opportunité.

La connaissance est infinie, c’est dans ce domaine qu’on devrait mettre le paquet. L’homme n’aura jamais fini d’apprendre, d’éveiller sa conscience. Vous pouvez avoir deux doctorats, parler cinq langues et vous rendre compte que vous ne savez encore rien sur cette terre (alors dans l’Univers n’en parlons pas). Vous pourrez toujours apprendre des autres, des enfants, de la nature.

La profondeur de la vie n’a pas de limite , elle ne se limite pas à nos cinq sens : la poésie, le rêve, l’amour font partie de la vie dans ce qu’elle a de plus beau.

Nous sommes fait pour vivre ensemble en étant ancrés dans notre territoire, que ce soit pour les échanges au quotidien, pour l’agriculture et la production de certains biens (comme les masques ou le gel !!). Cela n’empêche pas de produire à distance certains produits (électronique par exemple) mais cela doit se faire dans une certaine mesure et surtout de façon compatible avec la planète et de façon éthique pour tout le monde (fiscalité, pollution, droit du travail, dignité…). La mondialisation ne doit pas être un néocolonialisme déguisé mais une expérience de fraternité et de conscience universelle. C’est le travail de l’ONU, allons plus loin avec cette organisation.

Aujourd’hui les équipements électroniques et informatiques ne sont plus suffisamment optimisés ou surdimensionnés (« frigo connecté », téléphone avec 4 caméras etc), ce sont des pistes pour arrêter cette course à la puissance et à l’équipement.

Nous avons les mains pleines, des services comme jamais nous n’en avons eux et n’avons pas réussi à être heureux, c’est que le matériel n’est pas suffisant et que l’humain a besoin  davantage de « chaleur humaine » et d’être réellement connecté avec la nature.

Un retour à une vie simple, frugale, plus locale me semble indispensable pour freiner cette course en avant au toujours plus. Faudra t-il que la forêt brûle à côté de chez nous pour que nous réagissions ?

Deux degrés supplémentaires dans l’atmosphère c’est déjà beaucoup trop, il est urgent que l’homme ait un impact minimal sur son environnement. Nous devrions passer de l’anthropocène, où nous avons une influence néfaste sur notre environnement à la Noosphère5 ou l’on est conscient de faire partie de la nature6.

C’est aux États (à défaut de davantage de pouvoir dans nos communes) que revient en grande partie cette responsabilité de créer un monde plus juste avec moins d’inégalité et plus en accord avec l’environnement. En attendant, c’est à chacun de faire des efforts et de montrer la voie.

Fabien Romary, Strasbourg, le 14/11/2020

1https://www.actu-environnement.com/ae/news/covid-19-coronavirus-pandemies-epidemie-biodiversite-lien-synthese-scientifique-fondation-recherche-frb-35512.php4

2https://www.worldenvironmentday.global/fr/le-saviez-vous/la-biodiversite-et-les-coronavirus

3https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/combien-de-terres-faudrait-il-si-tout-le-monde-vivait-comme-vous_135948

4https://www.lefigaro.fr/conso/l-etat-va-instaurer-un-malus-automobile-20201015

5https://fr.wikipedia.org/wiki/Noosph%C3%A8re

6Sur ces sujets on pourra lire les philosophes Arne Naess sur l’écologie profonde, Spinoza et son concept d’immanence ou encore le prêtre et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin

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Zéro objets en déchetterie: Recycler les objets en les vendant, réparant ou en les donnant

Quand on parle de recyclage on pense souvent aux papiers ou aux bouteilles en verre. Pourtant il faut penser aussi aux objets qui souvent finissent à la poubelle ou en déchetterie.

Dans ce petit article mon souhait est de partager avec vous un « cas concret » qui s’est présenté à moi en 2011 lorsque j’ai eu un bureau complet (60m²) à déménager. J’avais trois pièces entières pleines de mobilier et d’objets assez variés (bureautique, informatique, photos…) que je n’avais ni la place, ni l’utilité de récupérer en totalité chez moi.

Cet article est axé sur le concret il comporte six chapitres :

  • Site d’annonces gratuites
  • Donner
  • Dépôt vente
  • Vide grenier / brocante / marché au puce
  • Faire réparer
  • Recycler / transformer

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